S'il y a bien un modèle d'entubage à la mode qui m'énerve, c'est le lock-in. Le vendeur brade un chouette outil, mais s'attend à ce que l'acheteur utilise les consommables correspondants. Sous l'impression d'une bonne affaire, le client se fait entuber sur la durée.
Café
L'exemple le plus répandu est la capsule de café. Un vendeur propose sa cafetière, la plus sexy possible, et assez bon marché. Ensuite, si vous voulez que cette œuvre d'art ne vous serve pas uniquement à décorer votre cuisine, il faudra acheter les capsules correspondantes. En général, ces capsules sont produites exclusivement par le constructeur de la cafetière, ce qui lui permet d'en fixer le prix, souvent exorbitant.
Est-ce bien légal ?...
Ce que redoutent les constructeurs, c'est que d'autres entreprises produisent des capsules à un prix raisonnable. Bonjour la concurrence, exit l'Eldorado. Les constructeurs souhaitent stopper à tout prix leurs concurrents sur les consommables. Or, de telles pratiques risquent de tomber sous le problème du monopole, ce qui est réprimé dans beaucoup de pays dont la France. Les constructeurs ont toutefois plusieurs moyens de contourner la loi :
- dépot de brevet : les consommables présentent une caractéristique complexe et innovante que des concurrents n'ont pas le droit de copier ;
- sécurité : le constructeur fait croire à un risque sur la sécurité si un consommable non-officiel est utilisé (détérioration de l'appareil, copie de fichiers protégés...)
Le cas des imprimantes à jet d'encre
La bataille du lock-in sur les imprimantes à jet d'encre vient d'atteindre le paroxysme du ridicule.
Étape 0. La technologie du jet d'encre voit le jour. Chaque constructeur vend des imprimantes à un coût raisonnable, avec une marge substantielle. Acheter une imprimante est un investissement sur le long terme. Ça coûte cher à l'achat, mais tout le monde est content. Cependant, le marché des imprimantes arrive à saturation : la majorité des consommateurs en ont une. Pour continuer à vendre, il faut casser les prix des imprimantes en réduisant leur qualité, mais récupérer ce manque à gagner en augmentant le prix des consommables. Des troublions s'aperçoivent que le marché des cartouches est très juteux et demande peu d'investissement technologique. Des cartouches alternatives arrivent sur le marché au grand dam des constructeurs.
Étape 1. Les constructeurs déposent mille et un brevets sur les cartouches.
Étape 1bis. Les alternatifs contournent ces brevet, parce qu'une cartouche ça reste tout bête.
Étape 2. Les constructeurs implantent dans chaque cartouche une puce électronique d'authentification, permettant aux imprimantes de refuser d'imprimer si les cartouches ne sont pas des cartouches certifiées par le constructeur.
Étape 2bis. Les alternatifs proposent aux consommateurs de recycler leurs cartouches en remplissant des cartouches du constructeur original lorsqu'elles sont vides.
Étape 3. (dernière en date) Les constructeurs incluent une mémoire électronique dans chaque cartouche. Celle-ci permet de désactiver l'authentification dès lors que la cartouche a été insérée dans l'imprimante. Ce n'est alors plus possible de remplir une vieille cartouche puisqu'elle ne sera plus acceptée par les imprimantes.
Et ça donne ça [eng]. Un utilisateur veut imprimer une dizaine de pages en noir et blanc sur une imprimante Epson. L'imprimante Epson refuse d'imprimer car la cartouche magenta est vide. L'utilisateur a justement une cartouche magenta de marque Epson sous la main. Il installe la cartouche dans son imprimante Epson, qui lui dit après quelques pages que la cartouche cyan clair est également vide. Ça devient énervant mais l'utilisateur a également une cartouche cyan clair de marque Epson sous la main. Il l'installe mais l'imprimante refuse toujours d'imprimer : la cartouche cyan foncé est manquante (!). Il vérifie la cartouche cyan foncé et s'aperçoit que l'étiquette de protection n'avait pas été retirée... haha... Il remet la cartouche en place. L'imprimante (Epson je vous rappelle) lui indique que les cartouches cyan foncé et jaune (!) ne sont plus là. L'utilisateur retire chaque cartouche une à une, les remet à leur place une à une, rien. Évidemment, puisque l'imprimante Epson a consciencieusement désactivé les authentifications de chacune des cartouches. Toutes ces cartouches Epson sont donc bonnes pour la poubelle.
D'autres exemples
L'arnaque du lock-in a malheureusement de beaux jours devant elle et revient à la mode régulièrement avec de nouveaux produits. Quelques exemples :
- les lames pour rasoirs ;
- les pellicules pour appareils photos ;
- les sacs à aspirateurs ;
- les filtres à charbon des carafes ;
- les accessoires pour téléphones ou baladeurs avec connecteurs spéciaux ;
- les musiques + DRM ;
- les applications + DRM (iPhone) ;
- ...
Répétez après-moi : "Je n'achèterai pas d'imprimante Epson". Remarque : les concurrents sont loin d'être des anges...
[Humeur] Les dérives du lock-in
27 février 2009
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3 commentaires:
Et c'est sans compter les compteurs internes des imprimantes, Epson en 1er lieu, qui bloque l'imprimante au bout de "n" pages en demandant une réparation. Il s'agit en fait seulement de changer le tampon absorbeur interne (s'il est plein). Heureusement il y a Findus/euh je veux dire "SSC Service Utility" pour ces petites misères ! http://www.ssclg.com/epsone.shtml
Trop tard, l'imprimante epson est déjà achetée, mais hp ne vaut pas mieux, les cartouches compatibles ne le sont pas(les couleurs ne sont pas à la bonne place, don tu achete moins cher quelque chose que tu dois jeter car ne fonctionne pas et tu dois quand payer les cartouches hp pour que ton imprimante fonctionne!!).
C'est pour ça qu'il vaut mieux imprimer au boulot.
Plus sérieusement, je me penche sur les imprimantes laser N&B. On en trouve maintenant à partir de 40 euros. Si si... 40 euros.
Pour la couleur, c'est qu'on veut de la qualité, autant aller chez le photographe/imprimeur.
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